
Reprenons.
Nous en étions resté à Mumbai, dans ce temple d’Hare Krishna. Chaussures, entrée, pieds nus, pieds sales, des pèlerins convaincus et une recrue hésitante, boule de nerfs et trop plein d’émotions. Fuite en règle, abandon, grosse boule dans le ventre.
Fast forward, une semaine plus tard. À Hampi, minuscule bourgade de la région du Karnataka, à 750 kilomètres au sud de Mumbai, célèbre pour ses nombreux temples et son rôle primordial dans l’histoire de l’empire Vijayanagara.

Voici, ci-dessus, le temple de Virupashka, une divinité qui a un rapport (que je ne saurais bien expliquer, entre avatar et incarnation) avec Shiva, ce dieu à quatre bras qui est l’un des plus importants de l’hindouisme (je schématise : sans chercher à écrire une thèse, mes connaissances en la matière sont très limitées, je tente juste de planter le decor). Ce temple est un haut lieu de pèlerinage, un sanctuaire hindou archi-sacré, un des sites du patrimoine mondial de l’Unesco.

Voici maintenant un petit aperçu de l’étagère à chaussures, utilisée quotidiennement par les centaines de fidèles, et de touristes, qui y viennent en masse. Dans les temples hindous, tout le monde rentre, à cette unique condition: chacun (même les chinois, pourtant hyper récalcitrants) laisse sandales, souliers, baskets, savates, tongs, godillots et autres escarpins, à l’entrée, qui seront récupérés à la fin de la prière/visite, contre la modique somme de 2 roupies. Zéro dérogation.
Voici, enfin, mes grands pieds. Nus. Sur la pierre. Au temple de Virupashka. À Hampi. En Inde. Mes pieds, avant qu’ils ne me portent à l’intérieur de ce lieu fantastique, incroyable, inimaginable, indescriptible.
J’ai certainement dû marcher dans la pisse de l’éléphant sacré qui habite les lieux, et dans la crotte des singes qui les squattent. La peau de mes pieds a connu un contact prolongé avec des pierres centenaires, coutumières des cors, durillons, oignons, verrues et autres champignons des pieds de visiteurs, depuis les siècles des siècles. Ni pleurs, ni grincements de dents. Ça n’a pas non plus été l’orgasme ou la révélation. Je suis ensuite rentré, sans courir, à la guest-house où je suis descendu, et j’ai frotté mes pieds sous la douche, savonné, re-frotté, et abondamment rincé. Puis je suis passé à autre chose.
La vie, ce long catalogue d’occasions ratées… Mais aussi de minuscules victoires, de petites avancées. Et de grandes opportunités d’amélioration. Namaste.

